L’installation des premiers
Amérindiens remonte aux âges glaciaires,
et on a trouvé des couteaux de pierre
qui pourraient avoir 5.000 ans, mais cette civilisation
préhistorique a disparu vers –700.
Elle appartenait à un groupe dit «
de HOPEWELL », d’après
les pointes de flèches et de lances retrouvées
dans divers champs. Ils venaient des vallées
du MISSISSIPPI et de l’OHIO, et ont été
identifiés par une grande tombe découverte
à GRAND RAPIDS.
Les tribus indiennes proprement
dites étaient surtout des POTAWATOMIS,
faisant partie des ALGONQUINS, mais la KALAMAZOO
semble être une ligne de partage d’influence
entre eux et les OTTAWAS au Nord. Il y avait
aussi des mélanges avec les CHIPPEWAS,
HURONS, FOX, MIAMIS.
Les traces historiques manquent
totalement, semble-t’il, jusqu’en
1689 où il y eût une grande fête
Potawatomi près de Kalamazoo. Cette absence
de traces est due, d’une part au fait
que la culture indienne est exclusivement orale,
et d’autre part au fait que leur vie nomade
ne laisse que peu de traces pérennes.
On sait seulement qu’il y avait
de nombreux campements et des moulins à
grains très primitifs, appelés « metates »,
(en fait des pierres de broyage à la
main) le long de la Kalamazoo et on connaît
dans la même zone une grande plaque de
grès qui servait de lieu de danse. Il
y avait aussi un « atelier de
village » à l’emplacement
de l’Alumni Field d’Albion College
où l’on fabriquait des outils de
pierre. Ils cultivaient sûrement le maïs
et récoltaient le sirop d’érable
qu’ils conservaient dans des récipients
en écorce de bouleau, enterrés
pour assurer une bonne conservation.
Les traces de nombreux campements
Indiens autour d’Albion ont progressivement
disparu avec l’assèchement des
marais et la disparition des sources qui permettaient
de les localiser. L’agriculture et l’industrie
ont fait le reste.
La trace la plus visible de la
vie indienne est curieusement fournie par le
réseau routier moderne. Car celui-ci
reprend, dans son ensemble le tracé des
anciennes pistes indiennes. Au départ,
simples sentiers piétons de moins d’1m
de large, mais bien marqués par une fréquentation
régulière et un choix judicieux
du terrain, elles s’élargirent
d’abord par l’arrivée du
cheval de bât, puis par le passage des
chariots des colons lourdement chargés
traînés par des bœufs. Il
fallut alors combler les zones marécageuses
et les gros nids de poule, couper les buissons
gênants, et enfin apporter des cailloux…
mais cela prit des dizaines d’années
après l’arrivée des colons
et il fallut près d’un siècle
pour disposer, dans le Michigan, de vraies routes
pavées.
Ces pistes indiennes reliaient
toutes les futures grandes villes entre elles,
rayonnant au départ de DETROIT, de CHICAGO,
de GRAND RAPIDS, de SAGINAW. Elles reliaient
aussi les principales rivières, créant
un vrai réseau. Elles s’étendaient
à travers tout le continent, reliant
la baie de la CHESAPEAKE à l’Est
à la côte Pacifique. Celle qui
nous concerne le plus s’appelait la Piste
de Grand Sauk de Détroit à Chicago,
en usage depuis des siècles. En particulier,
elle servait à toutes les tribus du Wisconsin,
de l’Illinois et du Michigan pour aller
à FORT MALDEN près d’AMHERSTBURG,
Ontario, pour recevoir les cadeaux du Gouvernement
anglais. Mais elle servit aussi pour les attaques
indiennes sur Detroit pendant la Révolution
américaine et la Guerre de 1812. Elle
a servi de base au tracé de la US 112
devenue US 12. De nombreuses autres pistes ont
joué le même rôle, irriguant
tout le territoire du Michigan et largement
reprises par les colons.
Dans la région d’Albion
les Potawatomis étaient des gens calmes,
pacifiques et bienveillants. Au début,
ils croyaient en une cohabitation tranquille
avec partage des terres, du gibier, etc…selon
les besoins de chacun. Mais c’était
compter sans les habitudes occidentales de la
propriété du sol et des biens
et les lois qui allaient les traduire, accompagnées
par une importante destruction du gros gibier
réputé s’attaquer aux animaux
domestiques.
Ces Indiens sont restés
très passifs lorsque à partir
de 1812, le Gouvernement américain décida
un gigantesque mouvement de regroupement des
tribus à l’Ouest du Mississippi.
Craignant réunion des forces indiennes,
il commença par imposer la « Règle
de Civilisation américaine »
par laquelle les Indiens devaient se faire Chrétiens,
avoir un domicile fixe, payer l’impôt
et être propriétaires ou fermiers.
Par la suite, après l’installation
des colons, il fallut prendre des mesures plus
drastiques. C’est à partir de 1840
que les Indiens furent regroupés « manu
militari » par les Fédéraux
en vue de leur longue marche vers l’Ouest,
en l’occurrence l’OKLAHOMA. En poney
ou à pied, quelques-uns uns en chariots,
ils étaient escortés par l’Armée
Fédérale, ce qui n’empêchera
pas certains de s’enfuir. L’année
suivante, l’Armée utilisa des trains,
mais nul ne sait combien d’Indiens moururent
au cours de cet exil forcé. Les colons
d’Albion les ont vus partir avec tristesse,
car des liens d’amitié s’étaient
déjà tissés.
Pour ceux qui restèrent,
on créa de 1840 à 1850 des Missions
d’Intégration. Celle crée
à NOTTAWA, près d’ATHENS
à 50kms au SW d’Albion par l’église
Méthodiste accueillit en tout une trentaine
d’Indiens dont les noms furent changés
par leur baptême. Il semble vers 1874
qu’il n’y avait plus qu’environ
70 Indiens Potawatomis recensés tels
pour tout l’Etat du Michigan, essentiellement
regroupés près d’ATHENS.
Enfin un petit groupe a pu rester longtemps
sur place tel que le prouve une photo
prise vers 1910 à la foire du Comté
de Calhoun montrant une dizaine d’Indiens
en costumes traditionnels qui en étaient
une des grandes attractions. Un certain SHAWGOQUET
âgé de 84 ans vivait toujours dans
la réserve en 1908.
De nos jours, la tradition indienne
est perpétuée par quelques familles
qui conservent jalousement tenues et ornements
transmis par leurs ancêtres. C’est
le cas de la famille OTTO qui, à travers,
entre autres, DONETTE MANEY et NANCY OTTO HAAS
d’Albion fait la promotion de la culture
indienne. C’est bien sûr aussi le
cas de la famille ZIMMERMANN à qui nous
devons les remarquables costumes qu’ils
nous ont permis d’exposer.
Les Indiens avaient un calendrier
de 12 mois aux noms évocateurs des cycles
de la nature, et pas si éloignés
du calendrier révolutionnaire Français !
Janvier :
Lune de Neige
Juillet
: Lune
de l'Orage
Février : Lune
de Faim
Août
:
Lune du Maïs Vert
Mars :
Lune
des Corneilles
Septembre
: Lune de la Chasse
Avril :
Lune
de l'Herbe Verte
Octobre : Lune
de la Chute des Feuilles
Mai :
Lune
de Plantation
Novembre
: Lune Folle
Juin :
Lune
de la Rose
Décembre
: Lune de la Longue Nuit
Enfin nous disposons de la version indienne
du Psaume 23. Dans cette traduction (qui a dû
beaucoup souffrir du passage de l’Indien
à l’Américain…. puis
de l’américain au Français
du 21ème siècle !) on retrouve
tout de même quelques thèmes familiers
et poésie certaine :
Le Grand Père est au-dessus du Chef
des Bergers. Je suis à Lui et avec Lui
je ne désire plus rien. Il me lance une
corde et le nom de cette corde est l’Amour,
et Il me conduit là où l’herbe
est verte et où les eaux ne sont pas
dangereuses, et je mange et je me repose et
je suis satisfait. Parfois mon cœur est
faible et tombe, mais Il me relève et
me met sur la bonne route. Son nom est MERVEILLES.
Un jour, ce peut être bientôt,
ce peut être loin, loin, Il me conduira
dans une vallée. Là il fait noir,
mais je n’ai pas peur, car c’est
entre ces montagnes que le Grand Pasteur viendra
à ma rencontre, et la faim que j’ai
dans mon cœur tout au long de cette vie
sera satisfaite.
Parfois la corde se transforme en fouet, mais
ensuite Il me donne un bâton pour que
je m’appuie sur lui. Il remplit une table
devant moi de toutes sortes de mets. Il pose
Sa main sur ma tête et toute fatigue s’en
va. Il remplit ma coupe jusqu’à
ce qu’elle déborde. Ce que je dis
est vrai. Je ne mens pas. Ces chemins qui sont
loin devant resteront avec moi pour cette vie
et au-delà ; et ensuite, j’irai
vivre dans le Grand Tepee, et je m’assiérai
avec le Grand Pasteur pour toujours.
2)Le POW WOW
Le Pow Wow est une réunion des Indiens
pour des danses sacrées et une occasion
de rencontre amicale entre eux et avec tous
ceux qui veulent y assister dans l’esprit
pacifique dans lequel elle est conçue.
C’est aussi l’occasion de la démonstration
et de la continuation de la culture indienne.
Il y a régulièrement des Pow Wow
pendant les week-end d’été
dans tout le Michigan.
Les danses des Pow Wow sont l’expression
des remerciements au Grand Esprit. Elles se
déroulent chacune avec son type de costumes,
son thème, son rythme, mais toujours
un caractère sacré représenté
par la piste ronde qui symbolise le cycle de
la vie autour des tambours sacrés.
Ces tambours sont la pulsation de la cérémonie
et du peuple indien tout entier. Ils ont un
rôle sacré, car on dit que leur
chant est entendu du monde des esprits. Chaque
tambour a un joueur qui est en même temps
chanteur et interprète sa chanson dans
sa langue. Il y a un type de chanson pour chaque
type de danse, et elle représente une
histoire, ancienne ou nouvelle, sérieuse
ou humoristique. Elles sont jouées de
mémoire et transmises aux jeunes.
Les habits et ornements des danseurs ne doivent
pas être considérés comme
des costumes, mais des parures de cérémonies
et comme tels respectés pour leur caractère
sacré. C’est tout particulièrement
le cas des plumes d’aigle. Il y a des
danses réservées à chaque
sexe, sans mélange, en raison de leur
caractère étroitement symbolique.
Ce texte a été compilé,
traduit et mis en forme par Philippe Delest.